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VOYAGE
EN HURONNIE
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Les colons
français avaient rapidement appris à se servir
du canot d'écorce, véritable chef-d'uvre
de souplesse et de légèreté, qui permettait
aux nomades tels que les Algonquins ou les
Hurons, de se déplacer par voie d'eau, car à
cette époque aucune route n'existait. À peine
un sentier raboteux de place en place, qui ne
servait qu'au transport des charges lourdes sur
de courtes distances.
D'ailleurs,
personne ne s'alarme de la distance à parcourir.
"On
part à pied ou en canot pour aller de Québec à
Ville-Marie ou aux deux extrémités des grands
lacs, d'un cur aussi gai, d'une allure
aussi leste que s'il s'agit de se rendre à
l'habitation voisine".
Cette
embarcation que l'on peut considérer à la fois
frêle et robuste fait l'objet de soins constants.
Une pierre à fleur d'eau, un billot à la dérive,
peuvent facilement déchirer ses côtés. Aussi,
l'on a soin d'emporter un nécessaire de réparation
qui contient un rouleau d'écorce, des lanières
de peau ou de la racine, de la gomme de sapin ou
d'épinette. Quand il arrive une avarie, une
couche d'ocre répare vite la cicatrice.
Trois
ou quatre jours plus tard, on pouvait espérer
atteindre Trois-Rivières. Il fallait voyager
surtout de jour pour éviter les endroits rocheux.
Les marées, les gros vents et le mauvais temps
étaient autant de facteurs qui rendaient ces
voyages ardus. On devait aussi scruter les rives
pour prévenir les attaques des Iroquois,
toujours à l'affût des voyageurs et des Hurons,
leurs ennemis jurés. La nourriture pouvait
consister en quelques provisions de farine, de
pois, de viande séchée, mais la pêche et la
chasse devait fournir le gros de la nourriture.
Pour
éviter les attaques, la plupart du temps, l'on
devait dormir sur les canots en plein milieu du
cours d'eau. Un des voyageurs demeurait éveillé
pour prévenir les mouvements brusques de ceux
qui dormaient et ainsi empêcher que ces fragiles
embarcations ne chavirent.
La
flottille arriva à Sainte-Marie, pense-t-on, 35
jours plus tard, vers le 10 septembre 1648.
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